L’amour exclusif

Je dois avouer, à l’orée de ce texte, que l’idée de botter le cul d’un des piliers de notre société judéo-chrétienne frustrée ne va pas sans me procurer un léger frisson de plaisir. Oui, on peut sans doute ironiser sur beaucoup de choses, Dieu, les handicapés, les filles frigides, les noirs, les castrats ou les crétins de droite mais l’illusion du couple Disney, ça, on rigole pas avec.
Donc voilà, si ce texte froisse vos certitudes et agace votre cerveau étriqué au moins de bouillir de rage, plutôt que de frapper votre amour exclusif ou vos chères têtes blondes élevées dans le strict respect des traditions républicaines, faites un truc bien : expulsez votre trop plein d’amertume en enfonçant les 4 tonnes de ferraille d’un tractopelle dans la baie vitrée du macDo le plus proche 1.

L’amour unique et exclusif, c’est un peu comme la religion : c’est frustrant, contraignant, fouteur de merde et complètement dénué de toute logique, mais ça n’empêche pas la majorité de l’humanité d’y croire par peur de crever tout seul. Et là, désolé, mais je suis obligé de contredire cette croyance qui consiste à s’imaginer une belle mort dans la chaleur feutrée de son entourage. En effet, soit la mort est douce et rapide et personne n’aura le temps de rappliquer, soir elle est dure et longue 2 et, même si toute la clique débarque chaque matin, vous ne cesserez, dans l’angoisse des derniers jours, à penser vendre femme et enfants contre l’annonce d’une survie providentielle.
Je digresse. Pour revenir à notre sujet, cette idée d’amour limité me fait froid dans le dos. Elle s’applique aussi à tes gosses ? Genre “Ah non Kevin, désolé, maman a déjà donné tout son amour à papa et à ta soeur, j’ai plus rien… Non, papa est ric-rac aussi, il n’aime plus maman mais un peu trop ta soeur.” Ça laisse rêveur.

Mais bon, rentrons bien au chaud dans nos petites vies douillettes et écoutons TF1 nous dire que l’amour est beau car inextensible, unique et limité. A l’inverse des ressources de la planète qui, elles, sont inépuisables bien sûr 3.

1 J’adore ces putains de Big Mac, mais tant qu’à passer pour un hippie tout droit arrivé des seventies, je me dis qu’autant compléter le tableau par un complet anarcho-libertaire espérant la mort imminente du système capitaliste.
2 Hé, arrêtez de penser à ça, on plaisante pas avec la mort!
3 Oui, je finis mon portrait de parfait gauchiste avec un petit versant écolo de derrière les fagots.

Le choix

Nom commun masculin – ironique, non ? – qui aurait dû être remplacé par “saloperie de prise de tête”. Probablement à cause de vieux linguistes grabataires sans le moindre sens de l’humour, ce n’est pas le cas.

Du choix le plus anodin – frites ou haricots verts? -, au plus décisif – alors, on coupe le bras ou la jambe ? -, je me sens constamment ramené à ces terribles questions troublant la mastication innocente d’un Carambar : “ tu préfères avoir des limaces qui te sortent du nez ou du chou-fleur qui te pousse dans les oreilles ? ” Sans déconner, il y a de quoi traumatiser les gosses. Alors, évidemment, du haut de nos cerveaux devenus rationnels 1, ça nous fait gentiment sourire. Oui, ça fait sourire, jusqu’au jour où en ouvrant ton paquet de chewing-gum pour adultes 2, t’auras un petit message à l’intérieur de l’emballage : “ tu préfères passer ta vie à faire le même boulot au même endroit avec la même nana ou tout lâcher et partir à l’aventure au risque de mourir d’une balle perdue dans un favela brésilien ? ” Des variantes plus amusantes sont néanmoins possibles : “ tu préfères découvrir ta mère en pornstar amateure sur youtube  ou les vacances thaïlandaises de ton père avec Joseph Fritzl ? ”. Bah ouais, c’est pas parce qu’on est adultes qu’il ne faut plus rigoler.

Personnellement, le traumatisme du choix continue à me poursuivre jusqu’au supermarché, lorsque résonne la question fatidique “chéri, tu vas choisir des yaourts?”. Un tuyau pour vous, les filles : si un jour vous avez besoin d’un moment tranquille pour acheter votre maquillage, vos fringues, vos magazines 3, voire aller fricoter avec un type qui sait ce qu’il veut, n’hésitez pas à utiliser ces mots magiques. En revanche, ayez la gentillesse d’aller récupérer votre homme de compagnie par la suite car il pourrait errer dans ce rayon pendant très longtemps, oscillant entre le fromage blanc 0% et les liégeois en promo.

Alors, oui, il parait que c’est en partie le choix qui nous différencie de l’animal… J’en déduis que les chats ont décidément une vie de roi.

1 Oui, OK : pour une partie d’entre nous seulement.
2 Non, ce n’est pas un nouveau sex toy… Je parle de ces chewing-gums avec des photos d’océan agité qui font croire aux fumeurs qu’ils auront l’haleine mentholée. Les même images décorant les déos à chiottes, ça donne une idée assez claire de l’efficacité.
3 Je suis à cours de clichés sexistes.

Les filles

Les nanas c’est un peu comme les maladies, quand on sait à quoi on a affaire, ça fait déjà un peu moins flipper. Alors dans ma grande bonté et par pur esprit de fraternité envers mes amis masculin 1, je vous livre ici la célèbre classification Yoann 2.0 2 pour votre plus grande joie.

– la fille canon : véritable hymne à l’harmonie, elle est une oeuvre d’art douée de parole et ne le sait que trop bien. Elle apprend en général dès l’école primaire à marcher au ralentie, les yeux légèrement mi-clos – le fameux syndrome “Jessica Rabbit” -, un petit sourire au coin des lèvres en toutes circonstances, comme pour cracher aux yeux du monde son assurance insupportable, à défaut de pouvoir le faire avec sa petite voix doucereuse. Inutile de rêver, elle ne restera qu’un simple plaisir pour les yeux et ce n’est pas plus mal : marcher au ralenti à côté d’elle, c’est chiant.

– la fille moche : attention, je parle de la vrai fille moche. La seule à qui au collège on a pas dit “t’es trop laide!” car, si on est con à cet âge-là, on a bizarrement conscience que la vérité blesse. Cette fille, en grandissant, s’est souvent fait une raison :  soit  elle a sombré dans une réclusion sociale à base de chats et de romans de gare, soit s’est au contraire complètement sociabilisée, devenant une boute-en-train compensant son physique repoussant par une joie de vivre débordante. C’est de celle-ci qu’on dira entres bons amis, “elle est super marrante cette fille!”. En revanche, on ne mentionnera jamais son apparence : en grandissant, on est moins con mais beaucoup plus hypocrite.

– la fille-enfant : une apparence pouponne et innocente donne à celle-ci des faux airs de fille facile, traînant derrière elle un harem de pauvres mecs se sentant, dans leur statut de grands frères d’adoption, comme des gosses de six ans pendus aux vitrines rutilantes d’une exposition Playmobil 3. Attention, ses attaques sournoises à grand coup d’yeux de chaton apeuré font souvent des ravages chez les coeurs les plus minéraux.

– la fille banale : elle est simplement à la gente féminine ce qu’est le cornet deux boules fraise-chocolat à la glace.

– la fille très intelligente : soyons clair, cette fille est sans doute beaucoup plus intelligente que vous. Vous ne comprendrez rien à ce qu’elle dit, aurez l’air d’un con devant ses amis et finirez par passer des nuits à lire des bouquins inbitables sur la physique quantique pour tenter de savoir quand rire à ses blagues d’ingénieur.

– la vierge effarouchée : cette fille, ayant visiblement un rapport délicat avec le monde du plaisir charnel, est un danger imminent pour la santé mentale des hommes. Elle n’aura de cesse de se jeter sur des partenaires sexuellement inoffensifs – jeune timide inexpérimenté et maladroit, homme marié, amour à distance ou paraplégique – afin de ne jamais trop risquer de devoir enlever son jean délavée, relique de ses années lycée, véritable ceinture de chasteté symbolique dont les boutons définitivement fermés finiront par rendre dingue le plus patient des gentlemen.

– la super nana : c’est une fille à la fois belle et intelligente, de bonne compagnie et à l’humour raffiné et sophistiqué. A toutes mes amies qui me liront, vous faîtes à l’évidence partie de cette catégorie.

– la fille sublime : c’est celle qui brille au milieu de toutes les autres, comme un Desproges dans une foule de Bigards ou Les Fleurs du mal dans une pile de Marie-Claire. La beauté elle-même se flétrie en la voyant, comme les plus fins esprits perdent leur verbe en l’écoutant. Sa présence est comme la douce fraîcheur des Alizées, caressant les lagunes sous les sunlights des tropiques, mais sans Gilbert Montagné. Il n’y en a qu’une, à vrai dire, et c’est ma douce et tendre bien-aimée 4.

Voilà, j’ai un peu fait le tour.  Ah oui : certains se diront, à la lumière de ce texte, que je n’ai absolument aucun respect pour les femmes. C’est vrai, je n’en ai pas le moindre. Il conviendra cependant de préciser que je n’ai absolument aucun respect pour les hommes non plus. Et puis, si je parlais des différents types d’hommes, je me retrouverai, à l’image du nombre de tâches qu’ils peuvent effectuer simultanément ou de la quantité de zones érogènes qu’ils possèdent, avec un résultat tristement binaire : les mecs biens et les sales cons. Et croyez moi, le nombre d’individus que j’ai croisé appartenant à la première catégorie se comptent sur les doigts d’un Django Reinhardt manchot, sortant d’une mauvaise rencontre avec des Yakuzas zélés.

1 Les filles vous pouvez rester, prenez-le comme un test Biba “quelle type de fille êtes-vous?” mais sans les questions à deux balles.
2 La première date de mes 13 ans et ne comptait que deux types de filles : celles qui ne m’’adressaient pas la parole et celles à qui j’aurais bien aimé adresser la parole.
3 En plus, des fois, les personnages bougent et tout. Ces expositions sont une tortures pour mon âme d’enfant.
4 N’hésitez pas à réutiliser vous aussi cette tirade de qualité, discrètement au hasard d’un texte, pour entretenir la flamme dans votre couple.

Les trentenaires

Les trentenaires

Bon, le titre est un peu racoleur : je ne vais pas vous parlez des trentenaires en général mais plutôt d’une partie des trentenaires, ceux oeuvrant dans ces soirées à base d’apéro dînatoire et de blind-test spécial eighties.  Vous savez, ils ont toujours cet air un peu supérieur qui vous dit “ j’ai passé un cap dans ma  vie”. Cette sorte d’étape où on est censé arrêter ses conneries de post-ado et assumer les lourdes responsabilités de la vie d’adulte. Tu parles d’un cap de merde.

Un des sujets de prédilection de ces gens-là, donc, c’est bien sûr les gosses. Alors là, plusieurs options :

  • c’est un couple qui a déjà procréé et, quand il n’est pas occupé à émettre des cris suraigus, le fruit de leur entrailles est déjà probablement en train de répandre les siennes sur tes pompes. S’ils ont eu l’intelligence de ne pas ramener leur rejeton, ils vous parleront de la consistance de ses repas et là, alerte, c’est le moment de vous casser avant qu’ils ne passent de l’ingestion à la déjection…
  • c’est un/une célibataire qui se rend compte, en voyant sa vie commencer à filer entre ses doigts, qu’il/elle aimerait laisser son empreinte sur terre et bla bla bla… Pathétique et désespérante de banalité, cette conversation vous laissera dans l’inquiétante probabilité qu’un jour cette empreinte verra le jour.
  • c’est un couple qui n’a pas d’enfant mais qui en parle quand même. Ceux là sont aussi chiants que les autres mais on leur en veut moins. On leur en veut moins parce qu’il y a 90% de chance que leur couple se déchire dans un avenir proche et qu’on a quand même un peu de compassion.

L’autre sujet qu’affectionnent ces joyeux drilles, c’est leur travail  :

  • le couple de jeunes parents de tout à l’heure, quels que soient leurs boulots respectifs, continuera de parler de leur progéniture à travers la conversion, en s’extasiant sur le congé maternité ou sur je ne sais quel sujet qu’ils peuvent relier à leur progéniture, non mais bordel est-ce que vous avez d’autres sujets de conversation nom de dieu ? Désolé, je m’emporte.
  • le/la célibataire sera sur son terrain de jeu favoris, le boulot c’est toute sa vie. Littéralement toute sa vie, j’entends. N’ayant absolument aucun autre domaine où s’épanouir, il/elle ne manquera pas de vous assommer de détails exaltants sur  son agence de “com”, vous donnant presque envie de retourner parler de couches-culottes avec les autres bébé-maniaques. Si vous êtes du sexe opposé(ou pas, restons gay-friendly) et en plein désespoir amoureux, inspirez un bon coup et faites mine de vous passionner pour son travail 1.
  • les deux trentenaires formant tant bien que mal le futur ex-couple ne font pas le même travail. Mais alors pas du tout. Du genre créatif publicitaire cocaïnomane et experte comptable en voie de sédentarisation. Il sauterons sur le sujet de conversation pour s’envoyer des petites phrases assassines, véritables acteurs d’un vaudeville au rabais, figeant votre expression entre le sourire gêné et le rire nerveux.

Et, lorsqu’en fin de soirée, la célibataire 2, ronde comme une bille après s’être enfilé un chapelet de cocktails de trentenaires 3, grimpera sur la table, au milieu des reste de verrines et de pain surprise, afin de prouver à l’assemblée que ses attributs mammaires n’ont rien perdu de leur maintient d’antan, alors là, plutôt que de crier le fameux “à poil” comme dans votre tendre jeunesse, vous partagerez le regard de pitié de vos petits camarades, la tête baissée devant le spectacle fâcheux d’une femme ayant perdu autant de dignité que d’objectivité sur la nature de son corps.

Et voilà, si ça continue comme ça,  dans trois ans je proposerai des mojitos maison et des mini croque-monsieur à de jeunes parents fringuants et autres célibataires endurcis. Peut-être vaudrait-il mieux que les mayas aient raison sur 2012.

1 Globalement, si vous êtes devant une quelconque personne digne d’attrait et en désespoir amoureux, faites toujours mine de vous intéresser à quoi que ce soit qu’elle puisse dire, même si c’est aussi chiant que la peinture sur verre. En fait, surtout si c’est aussi chiant que la peinture sur verre.
2 Oui, ça devient une femme, j’en ai marre de jouer avec les “le/la”, et c’est un peu plus classe pour ce qui va arriver.
3 Bloody mary, white russian et autres saloperies sortant tout droit du bouquin “101 cocktail faciles”, reçu en cadeau avec le shaker lors de la pendaison de crémaillère du mois dernier.

Le deuil

Le deuil

A mon père.

Bon ok, c’est pas le truc qui sent d’avance la franche rigolade. Et après? Je suis d’humeur morose donc autant en profiter pour taper dans le sujet qui fait pas sourire. En plus, mon père m’ a souvent dit qu’on n’écrivait rien de bon,de beau, de profond dans le bonheur. Du coup, merci papa : en t’essoufflant avant l’heure, tu vas sûrement me permettre d’écrire des trucs magnifiques jusqu’à la fin de ma vie.

Et bim. J’ai encore cassé l’ambiance. Mais ne partez pas, il y a des trucs drôles qui vont arriver. Si je pouvais lâcher des cotillons je le ferais, promis. Bref, revenons au thème fascinant qui nous intéresse ici, le deuil. Pour tout avouer, je ne suis pas sûr d’en parler avec toute la psychologie et le recul nécessaire, âmes sensibles et femmes fontaines s’abstenir (ah, Wikipédia me dit que je me trompe sur la définition des femmes fontaines. Ah, quand même. Moi qui trouvais l’expression poétique) . Bon, en revanche je connais un minimum le sujet : sans m’étaler sur mon palmarès, ça fait mauvais genre, sâchez qu’ayant vu plus de cadavres en boîte que de riz bon marché sur des couples endimanchés, j’ai parfois l’impression d’être le jumeau maléfique de Hugh Grant dans un pastiche inversé de 4 mariages et 1 enterrement.

Je m’égare. Le deuil, donc, selon Wikipédia, c’est 5 phases successives : le choc, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation… Non mais sérieusement, le marchandage? C’est genre quoi ? “Dis donc mec*, tu voudrais pas pas me rendre trucmuche et choper à la place une bonne poignée de Somaliens malades, qui de toutes façons crèveront de faim avant même le sons et lumières de 2012? Allez, en prime, je te file mon âme, 500 boules et une édition limitée de la Bible illustrée par des créationnistes mormonds. Deal?” Sans blagues.

Bon allez, c’est bientôt Noël, c’est le moment de vous réconforter un peu pour finir sur une touche de bonne humeur nappée de bons sentiments : tout ça finit par s’arranger avec la phase magique de l’acceptation, là où tu comprends qu’il y aura des jours meilleurs, des jours de soleil, des jours de sourire, des jours d’amour, des jours de fête et des jours de liesse… Ouais. Tout ça. Et surtout que des putains de jours sans toi.

* Ouais, je suis intime avec la grande faucheuse**. Faut dire qu’à force, chez nous, elle est un peu comme chez elle.
** Malgre les apparences, c’est un homme. Lisez donc Terry Pratchett…

Les comédies romantiques

Comédie romantique

Un petit texte dans la continuité de ceux qui alimentaient le blog « Ca t’irrik? ». J’ai décidé d’écrire sur les comédies romantiques, véritable vivier d’audience TV pour cette période de fin d’année, aux côtés des bêtisiers usés et des téléfilms de Noël en 2 parties. J’avoue avoir cherché de l’inspiration en mangeant des cookies sous la couette devant « Coup de foudre à Notting-Hill ». Je sais, il n’y a pas de quoi être fier…

Les comédies romantiques c’est magique.

C’est les seuls films où tu peux voir des nanas bouffer de la Häagen-Dazs au pot tout en regardant une autre comédie romantique, plus vieille évidemment que celle dans laquelle elles se trouvent, dans une mise en abîme terrifiante, amplifiée par l’éventualité qu’elles soient elles-mêmes regardées par une vraie nana qui bouffe de… Oulah, j’arrête, ça me fait froid dans le dos.

C’est aussi les seuls films où tu verras jamais le bout d’un téton, la raie d’une fesse ou la racine d’un poil, les nanas ayant l’agaçante habitude de baiser en soutif, la drap placé négligemment juste au-dessus du bas-ventre Je comprend mieux pourquoi le couple finit pas exploser.

Car oui, le couple finit par exploser. Sinon, comment le mec pourrait courir dans une gare/sous la pluie/dans un aéroport/derrière un taxi, après la séquence d’images où il erre tout seul, ressassant les moments de complicité perdue sur fond de musique pop surexploitée ? Et voilà, après il se lance dans sa grande tirade de premier de la classe, dont la variante la plus fréquente consiste en une énumération de ce qu’il aime chez la fille, de la moue de sa bouche quand elle est agacée à sa manie de se ronger les ongles de pied pour les recracher sous la couette (oui, il est vraiment amoureux). Cette tirade est accompagné assez souvent d’une intervention aussi impressionnante qu’improbable, genre j’ai couvert la rue avec tes fleurs préférées ou j’ai engagé un groupe de tyroliens capables de yodeler ton prénom pendant 25 minutes d’affilée (oui, elle est vraiment amoureuse).

Puis voilà, c’est tout, il s’embrassent et ils s’aiment comme au premier jour, on oublie tout, la découverte du petit ami caché ou l’escapade dans la serveuse du café. Comme quoi, courir sous la flotte, ça peut sauver un couple. Personnellement, j’ai juste chopé la crève. Les comédies romantique c’est magique et, au même titre que pouvoir balancer des kaméhas*, c’est des conneries. Et comme j’ai déjà du mal à accepter pour les boules d’énergie, j’ai arrêté de regarder ces trucs de gonzesses. Voilà.

* Les “kaméhas”, c’est des boules de ki1 envoyées par SonGokuh2 et ses amis Super-Saïyens3 dans DragonBall4.
1, 2, 3, 4 Démerdez-vous, bande d’incultes.

Le cancer

Attention, ce texte n’est pas drôle. Oui, pas drôle : je suis las, j’ai envie de changer de style d’écriture, marre de ce carcan de blog à la con qui m’oblige toujours à essayer de vous faire marrer!

Oui, bon d’accord, on pourrait essayer de rire un peu. C’est vrai, regardez-moi ces petits troupeaux d’enfants malingres, toujours le regard brillant dans leur costumes de bonzes anorexiques, et cette culpabilité insupportable qui t’envoie à la figure, quand ils affichent leur courage agaçant, alors que toi tu te mets à chialer parce qu’une putain de feuille de papier t’a coupé le doigt. Les petits cons. Et puis ces clowns d’une mélancolie pathétique qui errent dans les couloirs des mouroirs pour gosses, faussement égayés à grand coup de peintures d’animaux trop lumineuses pour être honnêtes, essayant de faire oublier à ces ex-têtes blondes déjà fantomatiques que la plupart ne verront pas la fin de cette saloperie d’hiver.

Ca y est, je deviens vulgaire. Foutu cancer. Mais quel connard de médecin à l’ironie douteuse t’a refilé un nom pareil, tumeur ? C’était quoi le souci avec « tumeurpa » ? Trop d’espoir ? Publicité mensongère ?

Je n’aime pas ton nom. Ou tous tes noms d’ailleurs. Cancer, tumeur, carcinome, mélanome, connerie bégnine ou vrai saleté maligne foudroyante. Ces mots-là me donnent froid, ces mots de rien du tout, dans leur habillage sournois médico-incompréhensible, me font plus frissonner que le souvenir de ma première vague, de la première caresse d’un corps nu sur le mien ou que l’idée d’enfiler un slip de bain pour aller à la piscine municipale.

Alors oui, ce texte n’est pas drôle. Oui, penser à ça me fait sentir comme l’ombre du bouffon du roi d’un pays pluvieux 1. Et puis après ? Allumez la télé, vous tomberez probablement sur une télé-réalité qui vous fera tout oublier en vous vautrant avec facilité dans la condescendance facile envers vos congénères les plus idiots.

1 Merci Charles et désolé pour les modifications apportées, tu ne m’en voudras pas j’espère.

Les guitaristes de plage

Le guitariste de plage, à l’image du sportif un peu trop expérimenté pour se protéger mais pas assez pour éviter les accident, est foutrement dangereux pour lui même. En effet, comme il est un peu trop expérimenté pour rester humble, mais pas assez pour avoir un vrai public, il vous donnera l’envie quasi systématique de lui retirer des mains le morceau de bois gémissant, fabriqué par des petites mains pour un bol de riz la journée, et de le lui flanquer en travers de la mâchoire en protestation contre l’oppression du peuple chinois, la disparition des ours polaires (oui, encore), la faim en Afrique noire et toutes ces conneries qui font pleurer sur TF1 le dimanche après-midi. Mais aussi et surtout pour qu’il se taise à jamais en s’étranglant sur le massacre quelconque d’un tube unanime.

Bon d’accord, on a tous chanté sur les quatre mêmes accords pendant des heures en se mirant dans les pupilles dilatées des jeunes filles en fleur. Et alors quoi ? C’est pas parce que t’as déjà braillé dans un supermarché pour avoir une bouée-requin à 10 balles que t’es obligé, 15 ans plus tard, de supporter les jérémiades de la triste descendance de tes congénères sans leur retourner une mandale bien placée.

C’est la même chose pour le guitariste de plage : à force de frapper aux portes du paradis comme un con, faut pas s’étonner si quelqu’un le fait entrer dans la demeure de saint-papi-l’oréole plus vite que prévu.

Les catholiques de droite

Là, d’entrée, j’hésite : je sais bien que je ne vais pas me faire des amis avec ce texte… D’un autre côté, c’est vrai aussi que je m’en fous à peu près autant que de la disparition des ours dans le grand Nord 1, donc allons-y.

C’est facile me direz-vous de taper sur les catholiques de droite, c’est un peu comme s’acharner sur les chauffeurs de taxi séropositifs ou les unijambistes racistes, même si je dois avouer que ces derniers ne courent pas les rues ou seulement à moitié.

Oui mais bon, voilà, ces deux exemples de premier choix n’incluent pas le paradoxe odieusement hypocrite contenu dans les mots “catholique de droite”, véritable exemple d’oxymore qui devrait remplacer dans les manuels scolaires cette saloperie d’obscure clarté tombant des étoiles, dont tout le monde se fout autant que moi des ours polaires susmentionnés 2.

Je finirai par ce cocasse verset biblique qui prouve, une fois de plus, que les premiers gourous de ce monde ne manquaient pas d’humour : “Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.” (Marc 10:25).

Alors, deux de choses l’une, soit la plupart des cathos de droite sont pauvres (ça va, on peut plaisanter…), soit ils ont une confiance inquiétante dans la souplesse des camélidés blatérant du désert.

1 C’est pas vrai, c’est une phrase purement réthorique, vous me voyez sincèrement chagriné par l’anéantissement de la seule créature, avec le Bibendum Michelin, qui réussit l’exploit d’être à la fois ridicule et effrayante.
2 Toujours réthorique.

Ces gens qui parlent fort

J’ai toujours cru à une théorie selon laquelle la puissance de voix utilisée par les gens en public est bien souvent inversement proportionnelle à leur capacité intellectuelle. Attention, ne vous méprenez pas : j’ai également croisé bon nombre d’imbéciles s’exprimant à volume modéré, au même titre que l’on rencontre des commerçants honnêtes ou des patrons philanthropes.

N’importe comment, aboyer ouvertement la triste monotonie de ses journées mornes à la façade froide d’une balise à con portative 1 n’a jamais appuyé l’affirmation selon laquelle l’homme dominerait l’animal par sa faculté de parole, à défaut de le dominer par sa faculté de réflexion. Mais ces partisans de la discussion par BCP 2 interposée — distinguables entre autres par l’évocation bruyante de leur menu du soir face au rayon cassoulet/saucisses-lentilles — ne sont pas les seuls vrille-tympans à officier dans l’entourage quotidien des honnêtes chuchoteurs.

L’autre catégorie de joyeux tympanicides sans vergogne dont je veux parler constitue ces individus qui pensent, par une logique mystérieuse, que l’écoute de leur verbe nécessite l’anéantissement sonore par KO de tout son parasite. Ils n’auront de cesse pour exposer leurs pensées — qui, si on se fie à la théorie évoquée plus haut, n’ont guère de chance de briller par leur perspicacité —   d’augmenter leur volume jusqu’à saturation afin de ne laisser aucune chance à leurs pauvres interlocuteurs de s’insérer dans ce mono-dialogue crispant.

Ces énergumènes sont la lie de la parole, ils sont à la discussion ce qu’est le Parti Communiste à la Chine ou les 4×4 flanqués de pare-buffles à la route. Et pour peu que vous finissiez par exaspération à beugler plus fort qu’eux, ils vous rétorqueront, avec cette expression de bêtise qui leur est propre : « Hé, c’est pas la peine de crier !»

1 Appelé aussi communément « téléphone portable » (cf. Le cinéma)
2 Non mais suivez un peu, nom de Dieu !