L’amour exclusif

Je dois avouer, à l’orée de ce texte, que l’idée de botter le cul d’un des piliers de notre société judéo-chrétienne frustrée ne va pas sans me procurer un léger frisson de plaisir. Oui, on peut sans doute ironiser sur beaucoup de choses, Dieu, les handicapés, les filles frigides, les noirs, les castrats ou les crétins de droite mais l’illusion du couple Disney, ça, on rigole pas avec.
Donc voilà, si ce texte froisse vos certitudes et agace votre cerveau étriqué au moins de bouillir de rage, plutôt que de frapper votre amour exclusif ou vos chères têtes blondes élevées dans le strict respect des traditions républicaines, faites un truc bien : expulsez votre trop plein d’amertume en enfonçant les 4 tonnes de ferraille d’un tractopelle dans la baie vitrée du macDo le plus proche 1.

L’amour unique et exclusif, c’est un peu comme la religion : c’est frustrant, contraignant, fouteur de merde et complètement dénué de toute logique, mais ça n’empêche pas la majorité de l’humanité d’y croire par peur de crever tout seul. Et là, désolé, mais je suis obligé de contredire cette croyance qui consiste à s’imaginer une belle mort dans la chaleur feutrée de son entourage. En effet, soit la mort est douce et rapide et personne n’aura le temps de rappliquer, soir elle est dure et longue 2 et, même si toute la clique débarque chaque matin, vous ne cesserez, dans l’angoisse des derniers jours, à penser vendre femme et enfants contre l’annonce d’une survie providentielle.
Je digresse. Pour revenir à notre sujet, cette idée d’amour limité me fait froid dans le dos. Elle s’applique aussi à tes gosses ? Genre “Ah non Kevin, désolé, maman a déjà donné tout son amour à papa et à ta soeur, j’ai plus rien… Non, papa est ric-rac aussi, il n’aime plus maman mais un peu trop ta soeur.” Ça laisse rêveur.

Mais bon, rentrons bien au chaud dans nos petites vies douillettes et écoutons TF1 nous dire que l’amour est beau car inextensible, unique et limité. A l’inverse des ressources de la planète qui, elles, sont inépuisables bien sûr 3.

1 J’adore ces putains de Big Mac, mais tant qu’à passer pour un hippie tout droit arrivé des seventies, je me dis qu’autant compléter le tableau par un complet anarcho-libertaire espérant la mort imminente du système capitaliste.
2 Hé, arrêtez de penser à ça, on plaisante pas avec la mort!
3 Oui, je finis mon portrait de parfait gauchiste avec un petit versant écolo de derrière les fagots.

Le choix

Nom commun masculin – ironique, non ? – qui aurait dû être remplacé par “saloperie de prise de tête”. Probablement à cause de vieux linguistes grabataires sans le moindre sens de l’humour, ce n’est pas le cas.

Du choix le plus anodin – frites ou haricots verts? -, au plus décisif – alors, on coupe le bras ou la jambe ? -, je me sens constamment ramené à ces terribles questions troublant la mastication innocente d’un Carambar : “ tu préfères avoir des limaces qui te sortent du nez ou du chou-fleur qui te pousse dans les oreilles ? ” Sans déconner, il y a de quoi traumatiser les gosses. Alors, évidemment, du haut de nos cerveaux devenus rationnels 1, ça nous fait gentiment sourire. Oui, ça fait sourire, jusqu’au jour où en ouvrant ton paquet de chewing-gum pour adultes 2, t’auras un petit message à l’intérieur de l’emballage : “ tu préfères passer ta vie à faire le même boulot au même endroit avec la même nana ou tout lâcher et partir à l’aventure au risque de mourir d’une balle perdue dans un favela brésilien ? ” Des variantes plus amusantes sont néanmoins possibles : “ tu préfères découvrir ta mère en pornstar amateure sur youtube  ou les vacances thaïlandaises de ton père avec Joseph Fritzl ? ”. Bah ouais, c’est pas parce qu’on est adultes qu’il ne faut plus rigoler.

Personnellement, le traumatisme du choix continue à me poursuivre jusqu’au supermarché, lorsque résonne la question fatidique “chéri, tu vas choisir des yaourts?”. Un tuyau pour vous, les filles : si un jour vous avez besoin d’un moment tranquille pour acheter votre maquillage, vos fringues, vos magazines 3, voire aller fricoter avec un type qui sait ce qu’il veut, n’hésitez pas à utiliser ces mots magiques. En revanche, ayez la gentillesse d’aller récupérer votre homme de compagnie par la suite car il pourrait errer dans ce rayon pendant très longtemps, oscillant entre le fromage blanc 0% et les liégeois en promo.

Alors, oui, il parait que c’est en partie le choix qui nous différencie de l’animal… J’en déduis que les chats ont décidément une vie de roi.

1 Oui, OK : pour une partie d’entre nous seulement.
2 Non, ce n’est pas un nouveau sex toy… Je parle de ces chewing-gums avec des photos d’océan agité qui font croire aux fumeurs qu’ils auront l’haleine mentholée. Les même images décorant les déos à chiottes, ça donne une idée assez claire de l’efficacité.
3 Je suis à cours de clichés sexistes.