« Une de perdue, dix de retrouvées. »

10 femmes

Mais combien de fois j’ai pu entendre cette phrase… Tout ça parce qu’il est plus facile, plutôt que de gentiment se taire, d’utiliser une formule toute faite qui est à peu près aussi crédible que la mention “véritable omelette de la mère Poulard” sur ces putains de bouges à touristes salopant les pentes du Mont Saint-Michel 1.

Je me rend compte cependant que, si j’ai si souvent entendu ces mots, c’est que les jeunes filles les ayant provoqués – jeunes traîtresses infâmes se mordant les doigts dans leurs draps froids et vivant dans le sombre regret d’un choix stupide – ont du souvent s’entendre dire d’autres crétineries surannées du type “on est mieux toute seule que mal accompagnée”. Bon, ça ne me réconforte que moyennement finalement.

Non mais sans rire ? Comment ça dix de retrouvées ? Si la moitié des personnes de sexe féminin que tu fréquentes font déjà partie des “perdues” , un bon quart de ta famille et que celles qui restent ne sont pas dans la première catégorie pour d’excellente raisons, la tâche me semble ardu.
Oui, d’accord, c’est envisageable en se découvrant un talent soudain de séducteur s’épanouissant étrangement dans la pâle mornitude post-rupture ou en tapant dans la fille de joie à bas prix : effrayant mélange de dentelle Tati et de bourrelets adipeux, soldée à 4h du mat’ rue Saint-Denis et partageant le pathétisme d’un DVD en promo dans un sexshop discount 2. Voire également, il est vrai, en s’incrustant dans la soirée post-diplome d’une école de commerce de seconde zone, remplie de fifilles alcoolisées en pleine chute de tension, fondant à la moindre attention pouvant occulter, quelques instants seulement, l’angoisse légitime d’une future vie de cadre moyen en banlieue pavillonnaire.

Donc oui, dans certains cas on peut dire “une de perdue, dix de retrouvées” mais, clairement, la qualité est en deçà de la quantité. Qu’est-ce qu’on en a à foutre d’une dizaine de princesses quand le royaume a perdu sa reine ?
Restons donc honnête : “une de perdue, une de perdue”. Et c’est tout.

1 Pour être tout à fait franc, je n’en ai rien à cirer du Mont Saint-Michel mais je trouvais l’analogie charmante.
2 Oui, ça existe. Et je le sais simplement  parce que je fais des recherches avant d’écrire, bande de petits curieux.

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