Les filles

Les nanas c’est un peu comme les maladies, quand on sait à quoi on a affaire, ça fait déjà un peu moins flipper. Alors dans ma grande bonté et par pur esprit de fraternité envers mes amis masculin 1, je vous livre ici la célèbre classification Yoann 2.0 2 pour votre plus grande joie.

– la fille canon : véritable hymne à l’harmonie, elle est une oeuvre d’art douée de parole et ne le sait que trop bien. Elle apprend en général dès l’école primaire à marcher au ralentie, les yeux légèrement mi-clos – le fameux syndrome “Jessica Rabbit” -, un petit sourire au coin des lèvres en toutes circonstances, comme pour cracher aux yeux du monde son assurance insupportable, à défaut de pouvoir le faire avec sa petite voix doucereuse. Inutile de rêver, elle ne restera qu’un simple plaisir pour les yeux et ce n’est pas plus mal : marcher au ralenti à côté d’elle, c’est chiant.

– la fille moche : attention, je parle de la vrai fille moche. La seule à qui au collège on a pas dit “t’es trop laide!” car, si on est con à cet âge-là, on a bizarrement conscience que la vérité blesse. Cette fille, en grandissant, s’est souvent fait une raison :  soit  elle a sombré dans une réclusion sociale à base de chats et de romans de gare, soit s’est au contraire complètement sociabilisée, devenant une boute-en-train compensant son physique repoussant par une joie de vivre débordante. C’est de celle-ci qu’on dira entres bons amis, “elle est super marrante cette fille!”. En revanche, on ne mentionnera jamais son apparence : en grandissant, on est moins con mais beaucoup plus hypocrite.

– la fille-enfant : une apparence pouponne et innocente donne à celle-ci des faux airs de fille facile, traînant derrière elle un harem de pauvres mecs se sentant, dans leur statut de grands frères d’adoption, comme des gosses de six ans pendus aux vitrines rutilantes d’une exposition Playmobil 3. Attention, ses attaques sournoises à grand coup d’yeux de chaton apeuré font souvent des ravages chez les coeurs les plus minéraux.

– la fille banale : elle est simplement à la gente féminine ce qu’est le cornet deux boules fraise-chocolat à la glace.

– la fille très intelligente : soyons clair, cette fille est sans doute beaucoup plus intelligente que vous. Vous ne comprendrez rien à ce qu’elle dit, aurez l’air d’un con devant ses amis et finirez par passer des nuits à lire des bouquins inbitables sur la physique quantique pour tenter de savoir quand rire à ses blagues d’ingénieur.

– la vierge effarouchée : cette fille, ayant visiblement un rapport délicat avec le monde du plaisir charnel, est un danger imminent pour la santé mentale des hommes. Elle n’aura de cesse de se jeter sur des partenaires sexuellement inoffensifs – jeune timide inexpérimenté et maladroit, homme marié, amour à distance ou paraplégique – afin de ne jamais trop risquer de devoir enlever son jean délavée, relique de ses années lycée, véritable ceinture de chasteté symbolique dont les boutons définitivement fermés finiront par rendre dingue le plus patient des gentlemen.

– la super nana : c’est une fille à la fois belle et intelligente, de bonne compagnie et à l’humour raffiné et sophistiqué. A toutes mes amies qui me liront, vous faîtes à l’évidence partie de cette catégorie.

– la fille sublime : c’est celle qui brille au milieu de toutes les autres, comme un Desproges dans une foule de Bigards ou Les Fleurs du mal dans une pile de Marie-Claire. La beauté elle-même se flétrie en la voyant, comme les plus fins esprits perdent leur verbe en l’écoutant. Sa présence est comme la douce fraîcheur des Alizées, caressant les lagunes sous les sunlights des tropiques, mais sans Gilbert Montagné. Il n’y en a qu’une, à vrai dire, et c’est ma douce et tendre bien-aimée 4.

Voilà, j’ai un peu fait le tour.  Ah oui : certains se diront, à la lumière de ce texte, que je n’ai absolument aucun respect pour les femmes. C’est vrai, je n’en ai pas le moindre. Il conviendra cependant de préciser que je n’ai absolument aucun respect pour les hommes non plus. Et puis, si je parlais des différents types d’hommes, je me retrouverai, à l’image du nombre de tâches qu’ils peuvent effectuer simultanément ou de la quantité de zones érogènes qu’ils possèdent, avec un résultat tristement binaire : les mecs biens et les sales cons. Et croyez moi, le nombre d’individus que j’ai croisé appartenant à la première catégorie se comptent sur les doigts d’un Django Reinhardt manchot, sortant d’une mauvaise rencontre avec des Yakuzas zélés.

1 Les filles vous pouvez rester, prenez-le comme un test Biba “quelle type de fille êtes-vous?” mais sans les questions à deux balles.
2 La première date de mes 13 ans et ne comptait que deux types de filles : celles qui ne m’’adressaient pas la parole et celles à qui j’aurais bien aimé adresser la parole.
3 En plus, des fois, les personnages bougent et tout. Ces expositions sont une tortures pour mon âme d’enfant.
4 N’hésitez pas à réutiliser vous aussi cette tirade de qualité, discrètement au hasard d’un texte, pour entretenir la flamme dans votre couple.

« Une de perdue, dix de retrouvées. »

10 femmes

Mais combien de fois j’ai pu entendre cette phrase… Tout ça parce qu’il est plus facile, plutôt que de gentiment se taire, d’utiliser une formule toute faite qui est à peu près aussi crédible que la mention “véritable omelette de la mère Poulard” sur ces putains de bouges à touristes salopant les pentes du Mont Saint-Michel 1.

Je me rend compte cependant que, si j’ai si souvent entendu ces mots, c’est que les jeunes filles les ayant provoqués – jeunes traîtresses infâmes se mordant les doigts dans leurs draps froids et vivant dans le sombre regret d’un choix stupide – ont du souvent s’entendre dire d’autres crétineries surannées du type “on est mieux toute seule que mal accompagnée”. Bon, ça ne me réconforte que moyennement finalement.

Non mais sans rire ? Comment ça dix de retrouvées ? Si la moitié des personnes de sexe féminin que tu fréquentes font déjà partie des “perdues” , un bon quart de ta famille et que celles qui restent ne sont pas dans la première catégorie pour d’excellente raisons, la tâche me semble ardu.
Oui, d’accord, c’est envisageable en se découvrant un talent soudain de séducteur s’épanouissant étrangement dans la pâle mornitude post-rupture ou en tapant dans la fille de joie à bas prix : effrayant mélange de dentelle Tati et de bourrelets adipeux, soldée à 4h du mat’ rue Saint-Denis et partageant le pathétisme d’un DVD en promo dans un sexshop discount 2. Voire également, il est vrai, en s’incrustant dans la soirée post-diplome d’une école de commerce de seconde zone, remplie de fifilles alcoolisées en pleine chute de tension, fondant à la moindre attention pouvant occulter, quelques instants seulement, l’angoisse légitime d’une future vie de cadre moyen en banlieue pavillonnaire.

Donc oui, dans certains cas on peut dire “une de perdue, dix de retrouvées” mais, clairement, la qualité est en deçà de la quantité. Qu’est-ce qu’on en a à foutre d’une dizaine de princesses quand le royaume a perdu sa reine ?
Restons donc honnête : “une de perdue, une de perdue”. Et c’est tout.

1 Pour être tout à fait franc, je n’en ai rien à cirer du Mont Saint-Michel mais je trouvais l’analogie charmante.
2 Oui, ça existe. Et je le sais simplement  parce que je fais des recherches avant d’écrire, bande de petits curieux.