Le guitariste de plage, à l’image du sportif un peu trop expérimenté pour se protéger mais pas assez pour éviter les accident, est foutrement dangereux pour lui même. En effet, comme il est un peu trop expérimenté pour rester humble, mais pas assez pour avoir un vrai public, il vous donnera l’envie quasi systématique de lui retirer des mains le morceau de bois gémissant, fabriqué par des petites mains pour un bol de riz la journée, et de le lui flanquer en travers de la mâchoire en protestation contre l’oppression du peuple chinois, la disparition des ours polaires (oui, encore), la faim en Afrique noire et toutes ces conneries qui font pleurer sur TF1 le dimanche après-midi. Mais aussi et surtout pour qu’il se taise à jamais en s’étranglant sur le massacre quelconque d’un tube unanime.
Bon d’accord, on a tous chanté sur les quatre mêmes accords pendant des heures en se mirant dans les pupilles dilatées des jeunes filles en fleur. Et alors quoi ? C’est pas parce que t’as déjà braillé dans un supermarché pour avoir une bouée-requin à 10 balles que t’es obligé, 15 ans plus tard, de supporter les jérémiades de la triste descendance de tes congénères sans leur retourner une mandale bien placée.
C’est la même chose pour le guitariste de plage : à force de frapper aux portes du paradis comme un con, faut pas s’étonner si quelqu’un le fait entrer dans la demeure de saint-papi-l’oréole plus vite que prévu.