Entendons-nous bien : loin de moi l’idée absurde de me placer contre la culture en tant que telle! C’est plutôt contre cette notion même de culture pour l’élite autoproclamée, sévissant à chaque recoin de dîners mondains, de dîners bobos, de dîners à étaler en photos de mauvaise qualité en dernières pages de Voici, voire de dîners tout court, que je m’élève.
Les bouffeurs de cultures, donc, me débectent. Ils ont l’allure effrayante de ces boulimiques en pleine crise, se jetant toutes oreilles ouvertes sur les derniers vernissages de Paris 6ème, s’amassant tout transpirant de mots érudits pour expliquer un rouleau de papier-cul suspendu par une ficelle, se bâfrant de petits-fours et de coupes de champagne pour finir saoul comme cochon, le nez du même rose que la toile d’un goût douteux à laquelle, soit-dit en passant, ils tournent le dos.
De ces charmantes excursions culturelles, qui ressemblent foutrement, sans vouloir être grossier, à une bonne biture où l’on peut se goinfrer à l’œil et papillonner aux milieux de la représentation de l’art contemporain (d’ailleurs beaucoup plus souvent con que temporain, si je puis me permettre le calembour), ils reviennent les yeux brillants, tout dégoulinant de cette culture non-digérée qu’ils peinent à retenir aux coins de leur bouche, pour venir vous la régurgiter devant les yeux, l’air digne et satisfait.
Je vais vous dire, moi, je suis comme tout le monde : je n’aime pas beaucoup qu’on me vomisse dessus.