Je hais les dépressifs. Il est chez eux, comme chez les vieux ou chez les chiens, cette détestable manie de couiner sans cesse. Dans leurs moments de détresse, les yeux mouillants, magnifiques d’égocentrisme et empestant l’histoire tragique de leur misérable existence quotidienne, ils tentent de vous engluer dans la vision sinistre du monde qui vous entoure. Oui, il vous entoure aussi, paraît-il.
Et alors la logorrhée, que dis-je, la purge verbale, vous éclabousse les oreilles sans prévenir, véritable symphonie au désespoir : ruptures douloureuses, cure de désintoxication ou animal de compagnie baveux, ayant fini ses jours sous la chaise du père sans emploi, seul, moche, gros et alcoolique. Une affaire de famille, quoi. Oui, mais voilà : ce n’est pas la vôtre…
Et, non content d’avoir déjà ruiné une bonne partie de votre moral, ils continueront de vous éjecter sans sommation leur pessimisme latent au visage, le regard presque éteint et, à les entendre, la corde presque au cou. Si ça intéresse quelqu’un, je sais faire les nœuds coulant.