Les mélomanes sont dénommés ainsi, car le terme « emmerdeur mono maniaque » était assurément trop long. De plus, la comparaison eut été fort dégradante envers les emmerdeurs, mono maniaques ou pas.
Étymologiquement, le mot vient du grec « mélo », pièce de théâtre ou film tragico-chiant et de l’américain « mane », super-héros (voyez Superman ou Spiderman…) : le mélomane est donc bel et bien un super casse-couilles.
Si le cleptomane est un voleur compulsif, le pyromane un ignoble incendiaire, le mythomane un menteur maladif et la nymphomane une femme de caractère, on voudrait nous faire croire que le mélomane, lui, est une sorte de gentil passionné de musique, le casque à l’oreille et l’oreille hardie. Mais on nous ment ! On nous fourvoie, on nous gruge ouvertement sous le couvert des mystères de la langue française ! Je le dis haut et fort : le mélomane est bien ce TOCé – prononcez « toqué »– répugnant auquel son patronyme fait référence. Il n’aura de cesse de vous alpaguer pour partager avec vous sa dernière trouvaille « musicale », un groupe de rock indépendant et obscur, aux consonances diablement psychédéliques et bigrement chiantes, et aux paroles aussi profondes que le doublage d’un épisode de Goldorak.
Bien entendu, il l’aura découvert par sa nature même de fouineur invétéré, constamment à la recherche du diamant brut caché au regard, ou plutôt aux oreilles, des honnêtes gens. Ou alors grâce à son abonnement aux Inrockuptibles. Ce magazine de prédilection du mélomane, à l’instar de ces torches-fesses en mauvais papier distribués gratuitement à la sortie des métros, permettra à celui-ci de jeter son dévolu sur un pseudo concert inaudible, au fin fond d’une cave à bruit parisienne embaumant la sueur et la mauvaise bière.
J’entends déjà s’élever l’étendard sanglant des engagés du dimanche, et autres défenseurs des causes perdues : « la musique n’est elle pas justement conçue pour parvenir aux oreilles des gens ? ». Je suis absolument d’accord avec eux : la musique est conçue pour parvenir aux oreilles des gens. Pas à celles des mélomanes.