L’Astrologie

Admettre qu’une poignée d’étoiles observées sous un certain angle, et probablement sous une certaine couche de psychotropes divers, puissent

revêtir l’apparence de toute une ribambelle de joyeuses créatures issues de ce que la mythologie grecque a créée de plus hétéroclite et de plus absurde, pourquoi pas.

Supposer que la vie de chacun est régie par des frères jumeaux à poil, un bouc à queue de sirène, un crabe ou une balance, je commence à tiquer un tantinet mais concédons.

De là à croire qu’un alignement de planète dont tout le monde se fout royalement – à part s’il vous oblige à porter des lunettes ridicules pour admirer la nuit en plein jour – puisse rendre plus jouasse mon gardien d’immeuble, au demeurant fort sympathique malgré une forte réticence à toute forme de bonne humeur, il y a un pas que je qualifierais si j’osais, et j’ose, d’astronomique.

D’aucuns diront, bien entendu, que croire en l’astrologie ça ne s’explique pas, que c’est comme croire en Dieu, Bouddha, la science ou la politique. C’est bien ce que je dis : c’est des conneries.
On nous parlera alors de repère quotidien et rassurant, à l’égard des paumés de la vie, plaçant ainsi les âneries compulsives d’une vieille bourgeoise au foyer avinée au même plan qu’une bouteille de whisky, un comprimé de Xanax ou le Journal Télévisé de David Pujadas. Ces trois derniers « repères » étant eux-mêmes, à n’en point douter, ceux de la Mme Irma de salon susmentionnée, on comprendra aisément la haute portée intellectuelle de ses élucubrations hebdomadaires qu’elle insère, pour tromper son ennui suffocant, dans l’espace situé entre « vôtre numérologie 2009» et « la fellation en 18 leçons » d’un magazine féminin quelconque. La boucle est bouclée, CQFD.

Cela dit, et je finirais là-dessus, quand j’entends parler de Vierge ascendant Taureau, Bélier voire même Sagittaire, je me console de savoir, en écartant par bon sens toute hypothèse bibliquement logique d’immaculé coït, qu’on n’est assurément pas les seuls à se faire enculer dans l’histoire.

Les dépressifs

Je hais les dépressifs. Il est chez eux, comme chez les vieux ou chez les chiens, cette détestable manie de couiner sans cesse. Dans leurs moments de détresse, les yeux mouillants, magnifiques d’égocentrisme et empestant l’histoire tragique de leur misérable existence quotidienne, ils tentent de vous engluer dans la vision sinistre du monde qui vous entoure. Oui, il vous entoure aussi, paraît-il.

Et alors la logorrhée, que dis-je, la purge verbale, vous éclabousse les oreilles sans prévenir, véritable symphonie au désespoir : ruptures douloureuses, cure de désintoxication ou animal de compagnie baveux, ayant fini ses jours sous la chaise du père sans emploi, seul, moche, gros et alcoolique. Une affaire de famille, quoi. Oui, mais voilà : ce n’est pas la vôtre…

Et, non content d’avoir déjà ruiné une bonne partie de votre moral, ils continueront de vous éjecter sans sommation leur pessimisme latent au visage, le regard presque éteint et, à les entendre, la corde presque au cou. Si ça intéresse quelqu’un, je sais faire les nœuds coulant.

La culture

Entendons-nous bien : loin de moi l’idée absurde de me placer contre la culture en tant que telle! C’est plutôt contre cette notion même de culture pour l’élite autoproclamée, sévissant à chaque recoin de dîners mondains, de dîners bobos, de dîners à étaler en photos de mauvaise qualité en dernières pages de Voici, voire de dîners tout court, que je m’élève.

Les bouffeurs de cultures, donc, me débectent. Ils ont l’allure effrayante de ces boulimiques en pleine crise, se jetant toutes oreilles ouvertes sur les derniers vernissages de Paris 6ème, s’amassant tout transpirant de mots érudits pour expliquer un rouleau de papier-cul suspendu par une ficelle, se bâfrant de petits-fours et de coupes de champagne pour finir saoul comme cochon, le nez du même rose que la toile d’un goût douteux à laquelle, soit-dit en passant, ils tournent le dos.

De ces charmantes excursions culturelles, qui ressemblent foutrement, sans vouloir être grossier, à une bonne biture où l’on peut se goinfrer à l’œil et papillonner aux milieux de la représentation de l’art contemporain (d’ailleurs beaucoup plus souvent con que temporain, si je puis me permettre le calembour), ils reviennent les yeux brillants, tout dégoulinant de cette culture non-digérée qu’ils peinent à retenir aux coins de leur bouche, pour venir vous la régurgiter devant les yeux, l’air digne et satisfait.

Je vais vous dire, moi, je suis comme tout le monde : je n’aime pas beaucoup qu’on me vomisse dessus.